Qu’est-ce qu’est l’incivilité au travail?

Auteure: Catherine Whitehead, M.Sc.

Lorsqu’on parle de respect dans les relations professionnelles, on ne peut pas passer à côté de l’incivilité au travail. Qu’est-ce que ça veut dire exactement, l’incivilité au travail? Concrètement, il s’agit de comportements négatifs au travail.  Les comportements négatifs au travail peuvent aussi faire référence à des comportements contreproductifs, du harcèlement, de l’intimidation, de l’agression, de la violence, etc.

En comparaison à ces comportements, l’incivilité au travail a la particularité d’être plus faible en intensité. De plus, l’intention de la personne qui émet le comportement n’est pas claire. Par exemple, se faire ignorer est, en général, moins grave que de se faire insulter. Également, quand on se fait ignorer, on peut tout de même se demander si la personne ne nous a simplement pas vu. Quand on se fait insulter, en général l’intention de l’autre est assez claire.

Quelques exemples d'incivilité au travail

En bref, quand on parle d’incivilité, on fait souvent référence à de l’impolitesse. Voici quelques exemples classiques :

– Couper la parole à ses collègues

– Ignorer ou éviter un collègue

– Utiliser un jargon professionnel qui exclut certaines personnes

– Délaisser les tâches ingrates

– Passer des commentaires condescendants

– Répondre à des appels pendant une réunion

Ces comportements peuvent sembler anodins. Toutefois, pensez-y un peu. Face à de tels comportements, il est difficile savoir si le comportement est dirigé contre soi, ou si le comportement est dû à une cause autre.

Par exemple, votre collègue se lève pour répondre à un appel alors que vous prenez la parole lors d’une réunion. A-t-il une urgence à régler? Ou bien, n’est-il simplement pas intéressé par la discussion? C’est ce qui rend l’incivilité au travail aussi vicieuse : ce ne sont bien souvent pas des gestes dignes de mention. Toutefois, pour la personne qui subit de l’incivilité au travail, les conséquences peuvent être plus grandes qu’on ne le pense. D’autant plus, les patrons n’en font souvent pas de cas et laissent aller ces comportements. Pire, parfois ce sont eux qui agissent de manière incivile. Au bout d’un certain temps, ces comportements deviennent la norme dans l’entreprise.

Le lien avec le milieu de travail

La perception d’incivilité au travail est liée au non-respect des normes organisationnelles sur le respect. Ainsi, pour qu’un comportement soit considéré incivil, il doit être comparé aux normes du milieu de travail donné. En d’autres mots, un comportement peut être perçu comme de l’incivilité au travail dans une entreprise, mais pas dans une autre.

Reprenons l’exemple présenté plus tôt, où un collègue prend un appel lors d’une réunion. Il est possible que les normes d’une organisation fassent en sorte que ce comportement est bien perçu. Par exemple, la dynamique d’équipe peut faire en sorte que les réunions sont plutôt informelles. Puis, il peut être accepté dans l’équipe que le service à la clientèle est la priorité. Ainsi, dans ce contexte spécifique, le fait de répondre à un appel durant une réunion n’est pas considéré comme de l’incivilité au travail. Plutôt, le geste peut carrément être une pratique encouragée par l’équipe pour atteindre ses objectifs.

Bien évidemment, certaines pratiques organisationnelles peuvent être mises en place pour que ces comportements ne soient pas considérés comme un manque de respect. En général, il convient de définir et de communiquer clairement les attentes en termes de comportement. Ceci permet d’éviter que certains comportements soient perçus comme de l’incivilité au travail.

Toutefois, en entreprise, la réalité est beaucoup plus complexe. Certaines entreprises n’ont pas de frontières clairement définies quant au comportement adéquat à adopter. Notamment, les normes et les attentes peuvent varier entre les départements et les équipes. Lorsque ceci se produit, il est difficile pour les employés de suivre une ligne directrice de comportement adéquat à adopter entre eux.

L’impact de l’incivilité au travail

De nombreuses études ont été réalisées au cours des dernières décennies pour démontrer les conséquences de l’incivilité au travail. En 2013, Porath et Pearson  rapportaient, à la suite d’une étude nord-américaine, que 98% des participants affirmaient avoir déjà vécu de l’incivilité dans un contexte professionnel. L’incivilité au travail est donc très répandue dans les organisations. Pourquoi est-ce important? Parce que les impacts sur les employés peuvent être nombreux.

De manière générale, l’incivilité au travail est liée à des conséquences psychologiques et à des relations interpersonnelles moins satisfaisantes. Plusieurs liens sont également établis entre l’incivilité au travail et le rendement. Il est assez facile de s’imaginer pourquoi. Par exemple, pendant une session de travail, votre collègue vous ignore ou vous coupe la parole lorsque vous présentez vos idées. Il est fort possible que, pour le reste de la journée, cette situation vous reste en tête.

Mais pourquoi l’incivilité au travail occupe-t-elle le mental? D’un côté, parce qu’elle est ambiguë. Devant de telles situations, nous cherchons souvent à comprendre ce qui s’est passé. D’un autre côté, car nous cherchons à trouver un moyen pour éviter que la situation ne se reproduise. Résultat? Nous avons plus de difficulté à nous concentrer. En d’autres termes, nous avons moins de ressources attentionnelles disponibles. Ceci est épuisant mentalement, et nous sommes plus fatigués à la fin de la journée. En plus, comme nous sommes moins concentrés à la tâche, nous sommes généralement moins productifs.

Un mot de la fin

Cet article se veut être une introduction à l’incivilité au travail. Depuis que je m’intéresse à ce phénomène, j’ai pu constater deux choses. D’abord, peu de gens savent réellement ce qu’est l’incivilité. Pire, encore moins de gens réalisent qu’ils en vivent et que cela les affecte. Ensuite, même lorsque l’incivilité au travail est connue, bien souvent, elle n’est pas prise au sérieux. Pourtant, adresser l’incivilité peut s’avérer une stratégie puissante pour prévenir d’autres problèmes en milieu organisationnel. Ça vous intéresse? Restez à l’affut de mes prochains articles pour en apprendre davantage.

Vous cherchez des solutions en lien avec l’incivilité en milieu de travail? Contactez-nous ou visitez notre page sur le sujet!

 

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Comment bien écouter ses employés

Chaque année, BonBoss organise un sondage auprès des Québécois.ses afin de connaître ce qu’ils recherchent chez un bon employeur. Cette année, en contexte de pandémie, de nouveaux résultats se sont offerts à nous. Selon la population québécoise, un bon gestionnaire est celui qui sait écouter et communiquer, qui encourage son équipe et soutient ses employés. Cette année, les capacités d’écoute et la communication sont davantage ressorties chez nos répondants. Les employés recherchent un ou une gestionnaire qui sait les écouter :  « Nous avons des réunions régulières pour des mises au point. » « La communication gagne en importance » ,« L’écoute et le soutien sont primordiaux».

Pourquoi  l’écoute est-elle si importante?

Lors de notre sondage, plusieurs répondants ont manifesté le besoin de se faire écouter par leur gestionnaire. Bien qu’il soit toujours important d’écouter et de considérer son équipe, en temps de crise, la communication devient primordiale. Les non-dits peuvent créer beaucoup de frustrations et d’insatisfaction. Pour favoriser l’épanouissement de vos employés, restez disponible et réceptif. Des employés confortables d’échanger avec leur gestionnaire sont plus heureux et productifs au travail.

«Un bon boss écoute, il n'entend pas...» Jenny

Quels attitudes et comportements nuisent à l’écoute?

Tout d’abord, il faut s’arrêter et prendre conscience de nos attitudes personnelles pour être disponible. Est-ce que j’ai tendance à faire la morale aux autres ? Est-ce que je juge trop rapidement? Pour être capable de bien écouter une personne qui se confie, il faut être capable de faire abstraction de tout jugement. On évite donc de comparer les comportements de la personne à des normes ou des valeurs.  Évitez le diagnostic. Vous n’êtes pas un expert dans ce domaine. Attribuer des comportements va seulement fragiliser votre relation avec vos employés. Ils vont se replier sur eux-mêmes et éviter de se confier à vous.

Au contraire, il arrive que l’on essaie d’être trop gentil et trop sympathique : « Oh mon dieu! C’est épouvantable ce qui t’arrive (…) ». Ce n’est pas rassurant comme discours. À la place, formuler comme ceci : « Je comprends, ça peut être difficile à gérer ». Et surtout, il faut éviter de dire ce que nous ferions dans telle ou telle situation. Vous pouvez accompagner l’employé dans son cheminement de résolution de problème, mais vous ne devriez pas lui imposer une solution. Ça ne l’aidera pas. Il arrive aussi qu’une personne ait simplement besoin d’évacuer un stress. Donc, on se concentre sur les éléments que la personne nous donne et on évite de penser à ce que nous aurions fait à leur place. On accueille ce que l’autre nous confie en restant une base sécurisante.

 

Comment améliorer sa capacité d’écoute?

Voici quelques comportements qui améliorent vos capacités d’écoute et qui sont fortement appréciés chez l’interlocuteur:

– Accueillir la personne et lui démontrer du respect

– Porter attention au non verbal

– Reformuler les propos, par exemple : ce que je comprends c’est que (…)

– Refléter les sentiments de la personne (exemple : vous êtes inquiets)

– Se questionner : de quoi la personne en face de moi a-t-elle vraiment besoin? A-t-elle besoin de laisser sortir la vapeur et de s’exprimer, mieux se comprendre ou explorer des scénarios de solutions ?

– Trouver son besoin

Un dernier conseil pour bien écouter ses employés

Si vous deviez retenir un seul conseil sur l’écoute dans cet article, c’est celui-ci : restez authentique dans vos réponses et restez vous-même. C’est ce que votre confident recherche avant tout.

Évitez de jouer au thérapeute. Acceptez que vous n’ayez pas la réponse à tout.

Certaines situations seront en dehors de votre champ de compétences. Orientez vos employés vers les programmes d’aide (si c’est disponible dans votre entreprise) ou vers des professionnels de la santé. Plusieurs services sont gratuits et confidentiels, dont https://www.ecoute-entraide.org/contact/ .

Encouragez vos employés à utiliser ce type de service, au besoin. Il est normal de vivre des inquiétudes en cette période. Votre rôle, en tant que gestionnaire, est de valoriser l’expression saine des émotions et la recherche d’aide.

Auteure: Justine McDermott

Quelques ressources utiles

Écoute entraide :

Montréal : 514 278-2130

Sans frais : 1 855 EN LIGNE (365-4463)

TEL-AIDE :

http://www.telaide.org/a-lecoute/

ASSOCIATION PARITAIRE POUR LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ DU TRAVAIL

SECTEUR «ADMINISTRATION PROVINCIALE».

https://apssap.qc.ca/

Ordre professionnel des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec

Montréal : 514-731-3925

Ligne sans frais : 1-888-731-9420

www.optsq.org

Ordre professionnel des psychologues du Québec

Montréal : 514-738-1223

Ligne sans frais : 1-800-561-1223

www.ordrepsy.qc.ca